Adieu, puits de pétrole à Rhode Island
Les pleureurs de propriétaires amateurs n’étaient plus sur le palier quand j’ai quitté l’immeuble. C’était vraiment une équipe ridicule ces gens-là, on les avait recrutés pour un opéra de deuil pathétique, mais maintenant ils étaient tous rentrés dans leurs trous à rats et la propriétaire était morte : fermez le ban.
J’ai pensé à elle en sortant de là.
Pas de doute, je l’avais bien embobinée quand j’avais obtenu un sursis de loyer en lui racontant que mon oncle avait fait fortune dans les puits de pétrole à Rhode Island. J’avais vraiment été inspiré : je l’avais baratinée jusqu’à la gauche et elle avait mordu. J’aurais pu devenir un grand politicien si Babylone n’était pas venue entraver ma carrière.
En descendant l’escalier d’entrée, je me suis imaginé la propriétaire en train de penser à des puits de pétrole à Rhode Island au moment précis où son palpitant s’arrêtait. Je l’entendais qui se disait tout haut : « C’est bien la première fois que j’entends parler de puits de pétrole à Rhode Island. Je ne sais pas pourquoi, mais ça me paraît bizarre. Je sais qu’il y a des puits de pétrole dans l’Oklahoma et au Texas, et j’en ai même vu en Californie du Sud, mais à Rhode Island ? ! Des puits de pétrole ? Ça alors ! »
A ce moment-là, son cœur s’est arrêté.
Parfait.